L’année 2019 a vu les conditions d’accueil se détériorer pour les demandeurs d’asile en France. En effet, le nombre de sans-abri ne diminue pas et semble même augmenter comme en atteste la multiplication de campements et de squats insalubres dans plusieurs villes de France. Un article du Monde de ce 13 janvier* décrit la dégradation dramatique de la situation dans le Nord de Paris. Le même phénomène se retrouve malheureusement dans d’autres villes comme Toulouse, Nantes ou encore Marseille.
Les demandeurs d’asile représentent une population particulièrement touchée par ce phénomène. Le nombre de places d’hébergement étant limité, seulement un sur deux est hébergé dans un dispositif de l’Etat en fonction de critères de vulnérabilité. Ce faisant, la personne qui n’est pas considérée comme vulnérable en début de procédure d’asile ne se voit pas proposer d’hébergement. Elle est alors contrainte de vivre dans des conditions indignes qui, les jours et les mois passant, conduisent à la rendre vulnérable. Elle ne se verra pas pour autant proposer un hébergement. L’accueil de ces personnes se détériore d’année en année, par exemple en renforçant les possibilités de priver certains demandeurs d’asile des conditions matérielles d’accueil censées garantir leur dignité**. Ces conditions d’accueil sont d’autant plus nécessaires que le droit français ne garantit pas un accès effectif au marché du travail pour les demandeurs d’asile. C’est donc un système de fabrique de l’extrême misère qui est mis en place. Pourquoi ? Une réponse que l’on retrouve dans le discours politique est la volonté de ne pas être attractif pour éviter que trop de personnes ne viennent demander une protection en France. En résumé, accueillir de manière indigne dissuaderait certaines personnes en besoin de protection de venir en France.
C’est pourquoi, nous ne pouvons que souhaiter pour 2020 un modèle disruptif en matière d’accueil des demandeurs d’asile. Il devra permettre aux personnes de travailler pour qu’elles puissent vivre dans des conditions dignes et de manière indépendante. Pour celles qui ne le peuvent pas, un hébergement et un accompagnement doivent être garantis pour éviter toute désintégration sociale. Un collège de praticiens de haut niveau vient de publier un rapport sur ces questions dont les conclusions vont également dans ce sens***.
* https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/01/13/au-nord-de-paris-les-campements-de-migrants-deviennent-des-bidonvilles_6025686_3224.html
** Article L744-7 et L744-8 du Ceseda
*** https://www.franceinter.fr/societe/immigration-des-experts-font-25-recommandations-pour-en-finir-avec-l-instrumentalisation-des-chiffres