« Comme je voudrais une église pauvre pour les pauvres… ». C’est à partir de cette intuition du pape François, que les étudiants et jeunes professionnels de l’église Saint-Ignace à Paris ont décidé de vivre le réveillon du 31 décembre autrement. Sophie et Benoît nous racontent.
Sensibles à la préoccupation de l’Église de se tourner vers les plus petits, nous souhaitions organiser un réveillon au service et avec des personnes pauvres, en difficulté ou isolées.
Se laisser interpeller
Tout au long de l’Avent, nous nous sommes préparés à ce temps de fraternité : en portant dans la prière ce projet, en nous laissant questionner par les enseignements chaque dimanche, toute la communauté de l’église Saint-Ignace y étant associée par nos intentions de prière universelle.
Plus de 100 jeunes ont répondu présents à cette proposition : des fidèles de la ‘Messe qui prend son temps’[1], mais aussi des jeunes de la Plateforme&Co [2] ainsi que des étudiants du centre Saint-Guillaume[3].
Certains ont passé une soirée festive avec des demandeurs d’asile du Service Jésuite des réfugiés, d’autres ont servi un dîner pour des SDF, avec les jeunes de la Société Saint-Vincent de Paul ou encore avec les Frères Missionnaires de la Charité, d’autres enfin ont participé à des maraudes.
Se laisser transformer
Le lendemain, de retour à l’église Saint-Ignace, nous avons pris le temps de relire tous ensemble et partager ce que nous avions vécu chacun dans nos services la veille. Mais aussi de rendre grâce pour les beaux fruits récoltés et de prier aux intentions des personnes rencontrées.
Habitués ou tout à fait novices : chacun a vécu une expérience « transformante ».
Préparer un repas avec des demandeurs d’asile afghans, sonner les douze coups de minuits sous un porche avec un sans-abri, partager un dîner avec des personnes en grande difficulté… nous ont fait prendre conscience que les plus pauvres ont bien quelque chose à nous apporter : si tant est que nous leur faisions un peu de place, si tant est que nous reconnaissions nos propres pauvretés.
‘Nous sommes sortis de nous-mêmes’
Ce fut très enthousiasmant de voir tous ces jeunes ‘franchir les barrières’ face à ces inconnus et de lire la joie sur les visages de chacun: bénévoles, demandeurs d’asile, SDF.
Nous retiendrons la profonde simplicité des échanges, joyeux, ouverts, sans prétention mais avec attention.
Chacun était présent et accueillant l’autre, les uns pour les autres, les uns avec les autres.
Il nous semble avoir vécu quelque chose de cette phrase de Jean Vanier : « Dans sa faiblesse, [le pauvre] devient capable de toucher les cœurs endurcis et de leur révéler les sources d’eau vive cachées en eux […] Les pauvres nous évangélisent » (Extrait de La communauté, lieu du pardon et de la fête).
Ce réveillon solidaire fut pour nous une belle occasion de sortir de nous-mêmes, de nous laisser toucher par eux, de nous rendre présents au présent, et présents à Dieu !
Benoît et Sophie – pour les jeunes de la MT, de la Plateforme et du Centre Saint Gui llaume