Je m’appelle Said Alam Khan, je viens d’un village appelé Qalai Jabar en Afghanistan.
Je suis en France depuis bientôt un an. Je ne comprends que très peu le français, ce qui a rendu toutes mes démarches administratives très compliquées.
Quand je suis arrivé en France, je me sentais déboussolé. Je ne savais pas vers qui me diriger, surtout que je ne comprenais aucun mot en français.
J’ai eu beaucoup de chance de rencontrer des personnes réfugiées afghanes. Ces personnes m’ont expliqué dans ma langue la procédure du dépôt de demande d’asile et j’ai pu faire mes démarches dans les temps grâce à elles.
Mes empreintes ont été prises en Autriche, ce qui fait que lors de l’enregistrement de ma demande d’asile, j’ai été placé en procédure Dublin avec comme pays de transfert l’Autriche.
Je me suis donc rendu à chacune des convocations et j’ai été transféré en Autriche. En Autriche, j’avais très peur. Je savais que la politique n’était pas celle des pays comme la France ou l’Allemagne. Je craignais vraiment d’être renvoyé en Afghanistan, pays où ma vie est véritablement en danger.
En Afghanistan, je tenais un magasin appelé « Musique centre ». Je suis passionné par l’art, notamment la musique et le cinéma. J’ai donc voulu ouvrir mon commerce et vendre des films et des albums. Toutefois, dès l’arrivée des Talibans, ils ont directement interdit la vente de films et d’albums, car c’était interdit par leurs lois islamiques.
J’ai décidé de continuer mon activité secrètement, pour permettre aux gens de continuer à garder un lien avec l’art. Ils ont fini par le savoir et m’ont personnellement menacé de me tuer.
J’ai donc quitté le pays le plus rapidement possible, avec l’aide de ma famille.
L’idée de retourner dans mon pays me terrifie. C’est pourquoi j’ai décidé de revenir sur le territoire français après mon transfert en Autriche. Je suis revenu, et j’ai pu déposer une nouvelle demande d’asile en France. J’ai été placé en procédure normale. La France a accepté d’enregistrer ma demande d’asile après mon retour d’Autriche mais je n’avais le droit ni à un logement ni à de l’argent qui m’aurait permis de vivre dignement.
J’ai vécu à la rue, dans des conditions difficiles, notamment lorsqu’il faisait froid l’hiver. Je n’ai pas eu de quoi me nourrir tous les jours. Je mendiais ou alors je me rendais aux maraudes organisées par des associations. Je suis tombé malade, peu de temps après avoir appris que mon père avait été assassiné par les talibans. Je souffre d’une pathologie qui paralyse une partie de mon visage. Je suis très stressé et inquiet car je crains pour ma famille, j’ai peur pour leurs vies.
Avec l’aide de l’association JRS France, j’ai pu obtenir de l’OFII un logement ainsi que l’argent pour pouvoir me nourrir. Aujourd’hui, j’ai un hébergement, qui me permet d’attendre la fin de ma procédure d’asile plus sereinement. J’ai de quoi me nourrir et ma situation s’est améliorée grâce à cette décision de justice. Je me sens très bien dans le logement dans lequel je suis. Après avoir vécu à la rue, je me rends compte de la chance que c’est de pouvoir dormir en sécurité.
J’ai hâte que tout cela se termine et que je puisse vivre normalement, comme tout le monde. J’ai hâte de ne plus avoir peur. Si j’obtiens mon statut de réfugié, mon premier souhait c’est d’apprendre le français. J’ai voulu m’inscrire mais il n’y a pas toujours de la place.
J’aimerais travailler dans l’informatique, dans les ordinateurs, mais tout ce que je veux vraiment c’est travailler, gagner de l’argent et pouvoir vivre ici comme tout le monde. Je veux m’intégrer. J’aimerais aussi pouvoir aider les gens en retour.
J’ai hâte de retrouver ma femme et mes enfants et que l’on puisse vivre tous ensemble en sécurité.