Chers amis du réseau,
Paix à vous !
À l’heure où le second confinement met à nouveau à l’épreuve le lien social, les récents attentats font peser un climat de méfiance et de peur sur chacun de nous. Cette peur et cette méfiance ne nous sont pas étrangères, elles nous traversent ; et si ce n’est pas le cas, elles traversent sans doute nos proches, ou du moins la société : à quoi bon ouvrir sa porte, parier sur la réciprocité, enseigner le français ? Une grande lassitude, une résignation pourraient nous étreindre, un sentiment de fatigue nous conduire à penser…
À quoi bon….
Oui, à quoi bon ? Ni le virus, ni la haine ne semblent pouvoir être jugulés, la solution serait alors l’enfermement, l’esprit de chapelle et de réaction ; en un sens répondre à la violence par la violence. Dans la fatigue, le raccourci nous guette et il faut se préserver pour ne pas confondre une partie pour un tout : un terroriste qui se trouve être un demandeur d’asile ne devrait pas nous conduire à penser que tous les demandeurs d’asile sont des terroristes…
Des bons à rien…
Le doute pourrait s’insinuer en nous. Faisons-nous le bien que nous prétendons faire, participons-nous de près ou de loin à un amollissement de notre société et à une cécité générale face à un danger imminent ? Tous, nous sommes ébranlés, fatigués, blessés même, par ces actes bruyants, dévastateurs et violents… mais nous ne pouvons pas adhérer jusqu’au bout à la purge et au simplisme que cette violence génère… Non, nous ne le pouvons pas, car nous avons expérimenté au cours d’un accueil chez soi, un atelier, un accompagnement, un cours, qu’il y a quelque chose de
Bon
De savoureux, d’essentiel, qui se vit dans la rencontre de la personne déplacée par force, qui nous sauve de l’enfermement, d’un confort satisfait de soi et nous donne un cap de société à construire. Ce bon sera toujours discret, il nécessite d’être accueilli, choyé, gardé en mémoire… C’est ce bon qui nous repose dans la fatigue, nous donne un cap dans la lassitude, une certitude dans la résignation, une paix dans la violence. Ce qui est antérieur à toute chose, c’est cette bonté. Elle a besoin d’être constamment réanimée en nous, nommée parfois (“serait-ce toi Seigneur ?”), vécue le plus souvent. Les circonstances participent à un encouragement paradoxal. C’est unis que nous nous défendrons le mieux contre la violence, comme le virus. Il nous faut donc, aujourd’hui comme demain, témoigner qu’une société inclusive est possible.
À tous et à toutes, nous sommes ensemble, dans les jours d’abondance, comme dans les jours de disette, et restons à votre disposition en grande proximité de cœur.
Véronique et Antoine