Chatou – juin 2012
A l’invitation de Béatrice T, une dizaine de personnes se sont retrouvées courant juin à Chatou, tous ayant accueilli un demandeur d’asile dans le cadre du réseau Welcome. Le P. Bruno Valentin, curé de la paroisse, et Odile de Vaugiraud pour l’action solidarité de l’Equipe d’Animation Paroissiale, ont participé à la rencontre.
L’échange a permis de relever :
La joie de la rencontre, et et les transformations qu’elle induit chez les accueillants
La présence des enfants offre un liant entre accueillants et accueillis. Ils sont aussi une bouffée d’oxygène pour ces derniers. D’où l’importance de l’investissement des enfants. L’accueil est un projet commun, pas une décision subie par certains membres de la famille.
Certains accueillis sont plus timides, ou distants, ou perturbés par l’incertitude de leur situation. Comment les accompagner ? Cela ne fait–il pas appel à la gratuité de la relation, de savoir être présent, se tenir à côté de la personne et accepter la part de frustration éventuelle ?
D’autres accueillis, tout en restant discrets, manifestent leur empressement et leur intérêt par des questions et des petites attentions touchantes.
Net est le sentiment d’inutilité, de désœuvrement des accueillis, qui ont parfois l’impression de s’occuper, alors qu’ils voudraient progresser dans leur vie, trouver leur place. Comment les rassurer, les encourager ? La satisfaction est manifeste lorsqu’ils peuvent se rendre utiles, mais il faut le leur demander. Ils n’osent que rarement proposer une aide spécifique.
Du côté des familles : comment gérer le désir d’en faire plus, d’aider financièrement, de soutenir dans l’apprentissage de la langue française, de plus en savoir sur eux ? Quelles limites se donner ? Sentir la justesse de ce que l’on fait par rapport à nous et à eux, au temps dont on dispose ou que l’on veut donner. Il faut veiller à ne pas entrer dans une relation marchande.
Dans l’ensemble, les accueillants se sont sentis épaulés par la coordination et par les tuteurs. Des contacts ont été gardés avec les anciens accueillis, qui reviennent de temps en temps.
Au fond, une éthique est partagée, qui se décline comme respect mutuel, cohabitation discrète, sollicitude.
Le P. Bruno souligne l’apport qu’un engagement dans un réseau d’accueil pour personnes en recherche de protection représente pour la paroisse. Un engagement profond qui s’enracine dans la durée et qui est un exemple de dynamisme, de courage et de générosité auprès d’une communauté chrétienne si riche en talents, ainsi qu’un témoignage visible et clair de notre foi auprès de ceux qui ne la partagent pas.
Welcome Ile de France – juin 2012
Le réseau Ile de France a accueilli cette année scolaire 44 demandeurs d’asile (40 en 2011, 21 en 2010), dont trois femmes, pour des périodes allant d’un à 10 mois. L’âge médian est de 25 ans. La majorité arrive d’Afghanistan, car nous soutenons une école de FLE du quartier où ils campent. Mais aussi : trois ivoiriens, deux arméniens, deux congolais, deux guinéens, deux nigérians, deux bangladeshi, un camerounais, un kurde, un ougandais, un somalien, un rom-kosovar, un jeune du Daguestan, un mauritanien, une algérienne.
Les associations référentes sont : Français Langue d’Accueil, le CEDRE (Secours Catholique), la Croix-Rouge, la Maison des Journalistes, la Cimade, Dom’Asile, l’Institut de Victimologie, ARDHIS, l’Entraide Universitaire, l’Entraide Arménienne.
Au moment de l’accueil, les demandeurs sont à différents stades de la procédure d’asile : 6 relèvent de Dublin II, 4 sont statutaires, trois sont en réouverture de dossier, les autres attendent l’entretien à l’OFPRA ou l’audience à la CNDA.
Les accueillis prennent part à la vie du réseau : 15 ont été régulièrement impliqués comme bénévoles dans des activités de tutorat, pour accompagner quelqu’un à un rendez-vous, pour un interprétariat, un soutien scolaire, des actions de sensibilisation dans les écoles ou dans les médias.
Le réseau compte 22 tuteurs, dont neuf sont français. Les rencontres avec les tutés ont lieu une fois par semaine. Plusieurs sorties ont été organisées, et des repas partagés, dont certains furent préparés par les accueillis au domicile des tuteurs ou des familles. Les tuteurs une fois sur deux ont gardé le contact avec les demandeurs d’asile, après leur passage dans le réseau.
40 foyers et 10 communautés religieuses forment le groupe des accueillants ( 30 + 5 en 2011, 15 + 4 en 2010 ). Une dizaine d’entre eux ont accueilli en continu, les autres une à trois fois sur l’année.
Autour de l’accueil.
Irinda Riquelme et Pierre Nicolas reçoivent deux à trois fois par semaine des accueillis qui n’arrivent pas à accéder aux droits liées à leur demande d’asile, qui souhaitent étoffer leur dossier, qui désirent préparer leur entretien OFPRA ou CNDA, qui ont besoin de référés hébergement ou de référés liberté.
Une petite équipe de 6 répétiteurs de français donne des cours particuliers, à leur domicile, aux accueillis qui n’arrivent pas à trouver des cours collectifs, ou qui ont des besoins spécifiques. On a commencé en janvier 2012. Une méthode a été choisie. En mars, la communauté jésuite de Grenelle a commencé à prêter une salle pour des cours hebdomadaires de phonétique et grammaire, donnés par une professeure de FLE, Anne Kempf.
Chaque mois, les amis du réseau, accueillants, accueillis, associations partenaires, tuteurs sont invités à participer à une soirée conviviale ou à une sortie. Un temps spirituel a été organisé en fin d’année.
Pour finir sur une note joyeuse, deux mariages, deux bébés et des fiançailles ont été fêtés cette année !
1er fév 2012 – Soirée « Hospitalité »
« Que celui qui réside fasse en sorte que celui qui passe se souvienne »
Ce beau dicton Touareg était parmi ceux qui nous ont été proposés lors d’une soirée festive qui a permis aux différents membres de JRS France de démarrer le mois de février en compagnie de nos amis réfugiés. Qui se souvenaient, car nombreux étaient ceux qui revenaient après plusieurs mois pour donner des nouvelles aux nombreuses personnes qui les avaient accueillis ou accompagnés, aidés dans leurs devoirs de français, mis en contact avec notre réseau Welcome, conseillés dans leurs démarches.
Hospitalités autour du monde était le thème de cette rencontre, où tous les continents étaient représentés. Certains de nos anciens étaient accompagnés par leur épouse, leur soeur : quand une vie a repris son cours, les affects reprennent la place qui leur est due. D’autres, les nouveaux, participaient un peu étonnés aux jeux qui leurs étaient proposés et abordaient avec curiosité et un peu de crainte les familles accueillants : laquelle serait leur prochaine ?
Vers 21 heures, tout le monde s’apprête à repartir et là, l’on se rend compte que deux jeunes n’ont pas d’accueil pour la nuit : leur entrée dans le réseau était prévue le jour d’après et ils ont déjà laissé leur tente sur le canal Saint Martin à des camarades. Mais « qui ouvre la main la fait ouvrir a ses voisins » et ils repartent en voiture avec deux accueillants.
« L’hospitalité est un trésor, dont l’exercice suppose des moeurs simples et douces ». Et « la place faite à hôte, agrandit la maison ! »
31 décembre 2011 – Le réseau Welcome en chiffres.
Les accueillis.
90 demandeurs d’asile ont été accueillis par les familles et les communautés du réseau.
Il s’agit de majeurs isolés, dont 5 femmes, qui ont entre 18 et 35 ans, la grande majorité se situant en dessous des 25 ans. Ils restent dans le réseau 4/5 mois en moyenne, en changeant de famille toutes les 5 semaines environ.
Leur nationalité, principalement : afghane, guinéenne, sri-lankaise, bangladaise, ivoirienne, kurde, RDC, ancienne URSS.
Pour la procédure, au moment de l’entrée dans Welcome : la majorité est en attente de convocation à l’OFPRA, une dizaine à la CNDA, de plus en plus de Dublin II (désormais non expulsables car entrés par la Grèce), 8 statutaires.
Tous les accueillis sauf un Dublin II ont pu quitté le réseau avec une solution d’hébergement relativement stable (CHU, CADA, colocation, logement par l’employeur). Un débouté est rentré en Afghanistan.
Insertion : à ce jour, 25 des accueillis ont obtenu une protection et sont en formation ou en CDD/CDI, 2 ont été déboutés, les autres sont toujours en cours de procédure.
Les associations référentes
Ce sont elles qui proposent les accueillis : Français Langue d’Accueil, CEDRE, Emmaüs-Halte des femmes, Maison des Journalistes, Croix Rouge, ASE, Cantine afghane, Cimade.
Les tuteurs
Une trentaine de personnes – étudiants, salariés, professeurs, religieux, bénévoles d’associations de défense des droits des étrangers – se sont succédées pendant ces deux années pour accompagner individuellement chacun des réfugiés, être à leur écoute, vivre des moments de convivialité et servir d’interface avec les accueillants successifs.
Les accueillants
En région parisienne, 40 familles et 6 communautés ont offert leur hospitalité à un réfugié du réseau, certaines plusieurs fois dans l’année, d’autres de façon épisodique (quand la chambre ou le studio ne sont pas occupés par des parents ou amis). Trois familles de dépannage assurent les « urgences ». Le réseau compte aussi quelques personnes seules désireuses d’ouvrir leur porte et d’aller à la rencontre d’une autre culture, d’une autre sensibilité. Plusieurs fois par an, des moments de rencontre, de convivialité et de partage d’expériences réunissent tous les participants du réseau.
Novembre 2011 – Les tuteurs du réseau.
Depuis le lancement du réseau Welcome, il nous a semblé nécessaire de proposer au moins une fois par trimestre une rencontre des tuteurs dans un cadre détendu et convivial.
Accompagner une personne sensible, vulnérable, sans beaucoup de repères, à travers son chemin de familiarisation avec la France et les français est une mission passionnante, certes, mais qui ne s’improvise pas. Il nous est donc précieux d’avoir un lieu où échanger nos expériences, écouter les conseils de ceux d’entre nous qui sont engagés depuis plus longtemps, exprimer nos questionnements par rapport aux relations humaines que nous sommes en train de vivre. Bref, apprendre ensemble ce qui signifie concrètement «accompagner».
Pendant ces soirées, nous essayons de nous tenir à jour sur les changements de droit et de pratiques qui affectent les réfugiés et de connaitre plus en profondeur la façon d’agir des associations partenaires que les uns ou les autres auront rencontrées dans les mois qui précèdent.
En octobre, nous avons exploré le milieu parisien auquel se confrontent nos accompagnés afghans, aussi en essayant de mieux saisir les obstacles culturels qui leur sont propres.
En janvier, nous ferons le point sur les nouveaux courants migratoires engendrés par l’évolution géopolitique.
Septembre 2011 – Deux années du réseau Welcome.
Sur les deux premières années, 70 demandeurs d’asile ont été accueillis par les familles et les communautés du réseau. Il s’agit de majeurs isolés, 65 hommes et 5 femmes, qui ont entre 18 et 35 ans, la grande majorité se situant en dessous des 25 ans. Ils restent dans le réseau 4/5 mois environ, en changeant de famille toutes les 5 semaines en moyenne.
Ils viennent d’Afghanistan, de Guinée, du Sri-Lanka, du Bengale, de la Côte d’Ivoire, du Kurdistan, de la RDC, ou des républiques de l’ancienne URSS.
La majorité d’entre eux est en attente de convocation à l’OFPRA, une dizaine à la CNDA, de plus en plus relevaient de la procédure Dublin II ; mais ces derniers ne sont désormais plus expulsables car ils sont entrés par la Grèce. Parmi eux, 8 ont obtenu le statut de réfugié.
Tous ceux qui ont été accueillis par Welcome – sauf une personne relevant de Dublin II – ont quitté le réseau avec une solution d’hébergement relativement stable (CHU, CADA, colocation, logement par l’employeur). Une personne définitivement déboutée est rentrée en Afghanistan
Parmi les accueillis, 25 ont obtenu une protection et sont maintenant en formation, ou en CDD/CDI ; 2 ont été déboutés ; les autres sont toujours en cours de procédure.
Plusieurs associations nous proposent des personnes à accueillir : Français Langue d’Accueil, le CEDRE, Emmaüs-Halte des femmes, la Maison des Journalistes, la Croix Rouge, l’ASE, la Cantine afghane, la Cimade.
Une trentaine de personnes ont assumé le rôle de «tuteur» : étudiants, salariés, professeurs, religieux, bénévoles d’associations de défense des droits des étrangers, se sont succédés pendant ces deux années pour accompagner individuellement chacun des réfugiés, être à leur écoute, vivre des moments de convivialité et servir d’interface avec les accueillants successifs.
Côté accueillants, le réseau a pu compter sur 35 familles et 6 communautés qui ont offert leur hospitalité à un réfugié du réseau. Certaines l’ont fait plusieurs fois dans l’année, d’autres de façon épisodique. Trois familles de dépannage assurent les « urgences ». Le réseau compte aussi quelques personnes seules désireuses d’ouvrir leur porte et de rendre service au réseau Welcome.