Marie-Claire FABERT est l’animatrice du Réseau Welcome à Metz. Pour elle l’hospitalité et l’accueil sont des actions clés pour avoir une societé plus juste. Nous vous invitions à lire son interview.
JRS – Pourquoi est né le collectif ?
Marie-Claire FABERT (MCF)- Le collectif s’est constitué entre le mois de mars et le mois de mai 2016 ; il a réuni progressivement 15 personnes motivées par la perspective d’organiser l’ accueil de demandeurs d’asile chez des habitants.
La ville de Metz avait déjà sollicité à l’automne précédent des familles volontaires pour l’accueil de réfugiés syriens. Cet élan n’avait toutefois pas abouti : d’une part, les syriens attendus ne sont jamais venus et d’autre part, l’encadrement de cet accueil se reportait sur le CCAS de la ville, qui n’avait pas les moyens suffisants d’accompagner la démarche.
Ce premier appel a toutefois été bénéfique pour le démarrage de Welcome Metz : il a créé un terrain favorable.
Le point de repère de notre noyau actif, a été, dès le départ, la Charte Welcome et le recueil des bonnes pratiques. Cela a constitué un point de repère sécurisant en termes de fonctionnement et de sens donné à cet accueil possible. Ce cadre a été bien accueilli par la mairie qui a encouragé le démarrage de l’initiative , notamment par la mise en relations avec divers partenaires sociaux et associatifs.
Le noyau de départ a ainsi organisé une réunion collective le 26 mai, proposée au niveau de la ville, pour informer de l’initiative et solliciter des familles d’accueil à s’inscrire dans le réseau. Le premier planning d’accueil a démarré début juin, le second en juillet…et le troisième aussi. Fin 2016, nous réunissons 40 familles d’accueil, et plus de 12 tuteurs.
JRS – Quel est son objectif ?
MCF – Tout simplement, engager la société civile dans une posture d’accueil actif des migrants ; et ce, sans supplanter l’action des pouvoirs publics et des collectivités territoriales. Ce qui a été déterminant dans les premiers mois, c’est de pouvoir mettre en évidence la particularité de Welcome sur un créneau qui n’est pas celui de l’urgence, tout en étant dans une logique de mise à l’abri. La notion d’un accueil « dans le temps », pensé dans un format qui cherche à favoriser le lien, la rencontre, l’élan de la personne accueillie se conjugue toutefois avec le souci de ne pas créer de dépendances. Il ne s’agit pas de faire de plans pour la personne accueillie, il s’agit de la mettre dans les meilleures conditions possibles pour qu’elle puisse dessiner sa propre trajectoire.
JRS – Sur l’activité; quelle est l’importance ?
MCF – Au terme de 6 mois de mise en route, dix personnes ont croisé Welcome : elles venaient d’Albanie, de Somalie, d’Afghanistan, du Congo RDC, d’Algérie, de Syrie, du Congo Brazzaville. Cela reste peu significatif en nombre de personnes. Plus en nuitées… Et également plus en impact : au sein des familles d’accueil, dans leur entourage proche , travail et voisins…
JRS – Quelle est le message que vous voulez transmettre au sociète ?
MCF – On ne peut pas reprocher à des personnes de ne pas être intégrées à la société, quand même au bout de deux années en foyer, elles n’ont jamais rencontré une seule famille française. La société civile doit s’engager à l’égard des migrants, comme des plus démunis en général. Ce qui est également significatif de l’accueil, c’est que dès que la personne se débrouille mieux avec la langue, elle recherche une activité, un engagement bénévole qui donne du sens à ses journées et qui lui permette de donner à son tour !
JRS – Pourquoi est important l’engagement envers les réfugiés et les demandeurs d’asile ?
MCF -Parce que l’accueil et l’hospitalité sont des expériences qui nous rendent un peu plus humain. Et qu’il n’y a rien à perdre dans cette expérience : mais tout à gagner !