Je suis en France depuis deux ans maintenant.
Je ne sais ni lire, ni écrire mais je comprends un peu le français.
Quand je suis arrivé, j’étais totalement perdu. J’étais dans un pays très différent du mien.
Heureusement, quand je suis arrivé à Bobigny, j’ai croisé une femme qui parlait le pulaar comme moi. Elle m’a expliqué ce qu’il fallait faire pour déposer l’asile en France. Elle m’a montré le trajet pour aller à la Préfecture. J’ai pu m’y rendre grâce à elle.
J’ai été placé en procédure Dublin et mon pays de transfert était l’Espagne.
Je n’ai jamais bénéficié de mes conditions matérielles d’accueil. Je vis à la rue depuis mon arrivée sur le territoire français.
Ne sachant ni lire ni écrire, je n’ai pas su renseigner les bonnes informations à l’Administration française. Je n’ai donc pas pu recevoir le courrier de l’OFII ou de l’OFPRA.
Selon l’OFII, je n’ai pas le droit aux conditions matérielles d’accueil car je ne me suis pas présenté à ma convocation pour être transféré en Espagne. Cependant, je n’ai jamais reçu ce courrier. Et même si je l’avais reçu, je n’aurais pas pu le lire.
Mon illettrisme est handicapant, mais je n’avais pas accès à des cours de français. Depuis un mois maintenant, je prends des cours d’alphabétisation dans une association. Je ne savais pas que c’était possible. J’ai pu m’inscrire grâce à l’association JRS.
Actuellement, ma situation est totalement bloquée. L’OFPRA m’a convoqué pour un entretien, mais je n’ai pas pu m’y rendre, je ne savais pas comment me connecter sur la plateforme et le numéro de téléphone inscrit pour pouvoir récupérer mon code de connexion n’était pas le bon.
En Mauritanie, j’étais cultivateur, j’avais ma propre terre et j’étais heureux. J’ai dû quitter mon pays car j’étais menacé.
Depuis que je suis en France, je ne travaille pas. Je n’ai pas les papiers qui me le permettent.
J’aimerais travailler, j’aimerais avoir une vie normale, avoir de quoi manger à ma faim, m’habiller, dormir dans un endroit fermé. Vivre à la rue est difficile. Je ne me sens pas en sécurité. Certaines nuits, je reste assis sur une chaise près des agents de sécurité de l’hôpital, parce que je crains d’être agressé. Je parviens à me nourrir soit grâce aux maraudes soit à l’aide de la générosité des passants.
Mon rêve serait de savoir lire et parler français, comme ça je pourrais travailler et m’acheter des vêtements.
Pour mon métier, j’aimerais soit être éboueur, soit travailler dans un hôtel.
En attendant, ma vie est en pause. Ça me rend triste et soucieux. Je viens tous les jours à l’association pour savoir s’il y a des nouvelles de mon dossier.
Je suis triste, je n’attends qu’une chose, c’est que ma situation s’améliore
Témoignage de Monsieur Niang, accompagné par le programme Accompagnement juridique