Quelles représentations pour quelles politiques?
Journée d’étude du Gisti (22 mai 2012)
Les interventions ont mis en avant le caractère mouvant de la représentation des étrangers, et particulièrement que l’étranger n’est guère désiré.
Alain Morice dessine la figure du travailleur immigré représenté comme docile, invisible, mais perçu comme un parasite dans la sphère privée. L’étranger serait inassimilable, selon un concept d’Alfred Sauvy, en raison de son appartenance religieuse (islam). Si le gouvernement fait appel à lui comme force de main d’oeuvre, il doit être mis à l’écart (apartheid).
Avec Emmanuel Blanchard, nous apprenons qu’historiquement le terme indésirable désignait le mauvais étranger, c’est-à-dire, selon le Littré de 1932, un étranger à expulser pour raison morale. Le terme va ensuite être utilisé concomitamment avec celui de fraude, de surnombre, ce qui conduira à une politique d’internement des étrangers. Aujourd’hui le terme est repris par les pays du Sud pour désigner la manière dont les pays du Nord traite les étrangers du Sud.
Abdellali Hajjat évoque qu’aujourd’hui en France, être désirable, c’est remplir un contrat d’accueil et d’intégration pour obtenir une carte de séjour, et adhérer aux principes et valeurs essentielles de la République pour être naturalisé français. Concrètement, il s’agit de remplir des conditions de résidence en France, de ne pas être pauvre (assisté), d’être en bonne santé et d’être assimilable. Sur ce dernier point, une attention est portée sur les relations hommes/femmes, avec en en toile de fond une stigmatisation d’un homme hétérosexuel violent et musulman.
La figure de l’étranger indésirable se retrouve chez les demandeurs d’asile, qui peuvent être rendus visibles (ils vont nous envahir), ou invisibles (destruction des campements de demandeurs d’asile dans le Nord Pas de Calais), en fonction du discours politique. En tous les cas, il s’agit de représenter l’étranger comme indésirable. La suspicion de la fraude est toujours présente dans les discours sur les demandeurs d’asile. Le 24 avril dernier, la Commission européenne dans son projet de modification de la directive accueil des demandeurs d’asile prévoit notamment qu’ils puissent être enfermés. Au fond, le demandeur d’asile est assimilé à n’importe quel migrant qui est perçu comme indésirable s’il ne remplit pas une certain nombre de critères. Ce qui conduit à écarter les plus faibles et constitue un reniement de l’altérité des personnes.