Par Fattaneh Mohamadzade réfugiée iranienne
J’avais 10 ou 11 ans, je venais de rentrer de l’école. Tous mes sœurs et frères étaient assis autour de la table avec ma mère. On était en train de manger sauf mon père qui était à son travail comme tous les jours. Nous parlions et racontions nos histoires à notre mère, quand soudain nous avons entendu une voix très forte et en même temps les vitres de la cuisine se sont brisées. Nous n’arrivions pas à comprendre ce qui se passait. On avait peur et on pleurait, ma mère a essayé de nous calmer. C’était la guerre avec l’Irak. Il y avait un bombardement dans mon quartier. Ce soir-là, à la télé, nous avons regardé les informations, nous avons compris que c’était les nouvelles bombes (un « neveu » est le masculin de « nièce », ne pas confondre avec nouveau/nouvelle) que l’Irak avait achetées à la France. Les bombardements ont continué, c’est pour cela que nous avons arrêté d’aller à l’école.
Après la guerre la situation continuait comme ça. Chaque jour on entendait que quelqu’un avait été tué par le terrorisme.
Au lycée j’avais une copine dont le père avait été assassiné par le terrorisme. Elle nous a parlé de son histoire et comment il était mort : un jour très tôt, quelqu’un a frappé à la porte d’entrée. Il est allé ouvrir. Brusquement, un homme armé l’a tué. Je lui ai posé la question : Pourquoi ?
Mais elle ne connaissait pas du tout la réponse. Elle était toujours en deuil. A l’époque il y avait plusieurs partis politiques. L’un d’entre eux était le responsable
Aujourd’hui, la France est en deuil, moi aussi. Je suis habituée à rester en deuil. Je connais très bien ce mot. J’ai grandi avec ce mot. J’ai vécu avec ce mot. J’ai perdu beaucoup de choses à cause de ce mot. Je déteste le mot TERRORISME
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