Pendant le temps du Carême, Vers Dimanche a publié des témoignages de réfugiés et de migrants. En voici quelques-uns :
Hassan, d’Afghanistan.
Je suis né à Kabul en Afghanistan. Mon père était architecte, ma mère au foyer avec 6 enfants. La famille était heureuse.
Mon père était persécuté par un clan puissant. Ils ont tué mon frère, papa est mort de chagrin. Nos persécuteurs nous en voulaient toujours. Nous sommes partis en Iran, mais j’ai été arrêté et emprisonné avant d’être expulsé. Je suis revenu, mais j’avais peur. Ma famille a décidé de me faire partir.
Turquie, Grèce, puis je suis arrivé en Italie ; j’ai vu tellement de jeunes réfugiés errer dans les rues que je suis reparti et suis arrivé à Paris. J’étais épuisé, blessé, j’ai vécu 3 mois dans la rue et j’ai décidé de rester. Je pensais avoir une chance ici, et une chose me frappait : tout le monde lisait. Je voulais apprendre à lire et à écrire.
Il m’a fallu 2 ans pour obtenir le statut. J’ai employé mon temps à apprendre le français et me rendre utile dans des associations au service des réfugiés.
Aujourd’hui, j’ai l’impression d’avoir enfin une vie et un avenir. Mais il y a seulement 3 mois j’étais encore plein d’angoisse et je ne dormais pas.
Tierno, de Guinée.
Je suis né à Conakry en Guinée. Mon père était marchand, ma mère au foyer, j’ai une petite sœur.
Lors des manifestations de 2007, mon père et moi avons été pourchassés, emprisonnés, torturés. Mon père en est mort. Ma mère a payé pour que je sois libéré. En 2009, marche pacifique à Conakry. Nous allons vers le stade, l’atmosphère est calme, enthousiaste, les discours pleins de courage.
L’armée nous encercle puis tire sur la foule. J’ai été blessé, arrêté, torturé. J’ai vécu des choses atroces dans le camp où l’on était entassé. Un militaire m’a aidé à m’échapper.
Je me suis caché et ma famille a trouvé l’argent pour que je quitte le pays.
Je suis arrivé à Paris, le 26 juin 2010 .
J’ai passé plus de 3 mois à la rue avant de rencontrer Welcome – JRS où je suis accueilli dans une communauté de jésuites. Je suis des cours d’informatique. C’est important d’être occupé dans la journée, sinon le temps ne passe jamais.
En France, je me sens en sécurité et suis heureux d’avoir trouvé des personnes qui me soutiennent vraiment. Mais mon passé est toujours présent dans mon esprit. Mon espoir, est de pouvoir un jour faire avec, et me projeter vers l’avenir.
Ahmad, d’Afghanistan
Je suis né près de Kaboul, en Afghanistan. J’étais mécanicien.A 27 ans, j’ai changé de métier, pour un site de commerce sur Internet. Un grand réseau s’est créé. Sous la pression des religieux, le gouvernement a déclaré illicite notre activité et tous les membres du réseau ont été inquiétés, menacés de mort, emprisonnés. J’ai décidé de partir.
Le passage entre l’Iran et la Turquie est le pire et le plus difficile : nous étions 50 personnes entassées dans un camion, nous étions obligés de passer la chaîne montagneuse à pied sans nourriture et sans eau pendant plus de 2 jours. Le plus difficile pour moi, est de me rappeler ce terrible voyage. J’ai eu de telles difficultés et des telles mésaventures que j’ai du mal à croire que je l’ai fait. Jamais je ne pourrai l’oublier. Et jamais je ne saurai le raconter dans les détails. C’était comme un cauchemar, avec l’angoisse permanente d’être arrêté par les policiers des différents pays et d’être renvoyés en Afghanistan. Le voyage a duré 4 mois.
Quitter sa famille, ses amis et le pays où l’on a passé son enfance, où sont tous vos souvenirs, il faut que vous n’ayez aucun autre choix. Personne, ne prend cette décision de bon cœur.