L’autre véritable n’est pas celui que nous choisissons d’inviter chez nous – avec l’arrière-pensée, peut-être, d’être invités à notre tour -, mais bien celui qui apparaît devant nous sans que nous ne l’ayons choisi. C’est celui qui vient à nous, poussé simplement par les événements, par la trame que tisse notre vie, parce que l’hospitalité est carrefour des chemins. L’autre est celui qui se tient devant nous comme une présence exigeant d’être écoutée dans sa diversité irréductible ; peu importe qu’il appartienne à une autre ethnie, à une autre foi, à une autre culture, c’est un être humain et cela doit suffire pour que nous l’accueillions. En d’autres termes, pourquoi offrir l’hospitalité ? Parce qu’on est homme, pour devenir homme, pour humaniser sa propre humanité. Nous avons à prendre conscience que chacun de nous, en tant que personne venue au monde, est hôte de l’humain, faute de quoi l’hospitalité courra le risque de se réduire à des devoirs à accomplir. Elle appartiendra peut-être aux gestes significatifs au niveau éthique, mais elle se situera alors sur un plan fondamentalement extérieur et ne pourra jamais devenir une réponse à la vocation profonde de l’homme, l’accomplissement de notre humanité à travers l’accueil de l’humanité de l’autre.
Enzo Bianchi, communauté monastique oecuménique de Bose (Italie).
cité dans Magnificat de janvier 2012.