L’accueil des refugies

refugiesLes réfugiés arrivent en France après un parcours souvent éprouvant :

– ont eu l’obligation de quitter le pays dans un contexte d’urgence et de danger

– n’ont pas choisi d’émigrer – n’ont, souvent, pas choisi la France

– ont laissé famille, amis, racines, sans savoir s’ils pourront revenir un jour au pays.

– ont pu connaître des conditions de voyage difficiles qui ont mis leur vie en péril

– pour certains, ont vécu la prison, les mauvais traitements, les violences, la torture

Leur arrivée en France peut apporter beaucoup de déception par rapport aux espoirs rêvés.

Ils ont à faire face à toutes sortes de difficultés :

– de logement : certains commencent à vivre dans la rue

– financières

– administratives…..

L’insécurité est leur quotidien.

Ils espéraient trouver enfin un peu de repos. Or, ils ont à se battre pour vivre dans un univers inconnu, qu’ils ressentent comme hostile.

 

L’accueil dans les familles est pour eux un temps de pose précieux qui devrait leur apporter le  réconfort qu’ils attendaient. Certains manifestent leur reconnaissance et leur soulagement.

D’autres semblent ne pas être conscients de l’offre qui leur est faite, se montrent exigeants et paraissent insatisfaits.

Les malentendus qui surgissent peuvent être dues aux différences de :

– cultures

–  modes de vie

–  langue

–  religion.

Mais, à ces causes évidentes, s’ajoutent souvent les traumatismes subis.

Ces traumatismes (avoir échappé à la mort, avoir subi la torture…) ont détruit quelque chose chez les réfugiés et marqué durablement leur personnalité.

 

Qu’est-ce que la torture modifie dans le psychisme d’un être humain ?

Que cherche à obtenir le tortionnaire ?

La torture est une entreprise de désorganisation du sujet, de dépersonnalisation. Elle vise à déshumaniser.

Elle fait perdre au sujet ses repères spatio-temporels.  L’abaisse, l’avilit, l’humilie : il n’est plus un homme.

Le tortionnaire emploie des mots qui deviennent des coups, qui tuent symboliquement – des paroles projectiles.

Le but est de faire parler la victime, de l’amener à trahir les siens dans un contexte où elle ne peut que se soumettre face à un bourreau tout puissant.

De cette entreprise déshumanisante, l’homme revient transformé, radicalement autre (quand il revient et qu’il a résisté, ce qui suppose une grande force intérieure)

Dans certains cas, le tortionnaire continue à habiter l’être du torturé. Il ne le lâche pas. Sa voix est en lui.

A tout moment, le torturé peut replonger dans une scène de torture et la revivre au présent. La torture ne s’arrête jamais.

Il n’a pas la possibilité d’en parler. Ce qu’il a vécu est au delà du langage, là où il n’y a plus de mots.

Jean Hatzfeld dit des victimes : « Ils ont été abandonnés par leur âme » . Il y a eu meurtre d’âme.

 

Symptômes fréquents provoqués par ces violences subies

– insomnies

– cauchemars

– maux de tête

– maladies de tous ordres : le corps parle. Les maux remplacent les mots indicibles

– amnésie : on oublie les rendez-vous, on mélange les dates, on a des trous de mémoire

– insensibilité émotive comme protection. On devient étranger  à soi-même et à ses émotions

– perte des intérêts que l’ont avait dans la vie d’avant

– difficulté à se concentrer, à apprendre, à mémoriser

– hyper-vigilance : on est aux aguets, on se méfie. On ne peut plus faire confiance à l’homme    après avoir connu une telle inhumanité. On a peur de tout, de tout le monde.

– moments d’irritabilité, d’agressivité

– sentiment de vide : on n’a plus de goût aux chose, plus de plaisir.

– besoin de silence et de solitude……

Pour les accueillants ces symptômes sont difficiles à comprendre.

Ils demandent une grande tolérance.

Accepter de ne pas comprendre

Accepter le silence de l’hôte, son repli sur lui-même

Eviter les questions qui peuvent être vécues comme intrusives et renvoyer aux interrogatoires des tortionnaires. Certains mots vécus dans un contexte traumatique (mais qui, à nous, nous paraissent anodins) vont   provoquer des réactions que nous ne comprenons pas et qui peuvent nous choquer.

Ceux qui n’ont pas connu ces situations extrêmes, ont malgré tout vécu le traumatisme de quitter leur pays, une vie qu’ils aimaient, pour un avenir incertain dans un pays étranger loin des leurs. Tout est à reconstruire dans des conditions difficiles.

Certains des symptômes que nous avons évoqués peuvent aussi entrer dans leurs vies.

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