Accueillir l’autre. C’est le sens du réseau Welcometissé par le Service Jésuite des réfugiés (JRS) en France pour offrir à quelques demandeurs d’asile d’être accueillis par des familles ou des communautés. Un moment de répit pour ces étrangers qui ont fui violences et persécutions dans leur pays et se retrouvent souvent sans toit.
Je suis devenu bénévole au sein de Welcome en janvier 2013, fort d’études de sciences sociales sur les migrations, avec l’envie d’apporter ma pierre à l’édifice jamais terminé de la lutte contre la peur de l’étranger.
En accompagnant quatre jeunes demandeurs d’asile ou réfugiés et en les aidant dans leurs démarches, j’ai découvert tout ce que leur situation a d’inhumain et de révoltant : 15 mois sans droit de travailler ou de se former pour attendre une réponse qui sera négative dans 7 cas sur 10 ; des procédures spécifiques et des obstacles administratifs à n’en plus finir dans le simple but de décourager les demandes ; pas assez de places en centre d’accueil, aux coûts humains et financiers pourtant moins élevés que les solutions d’urgence, et donc trop de personnes à la rue ; l’attente encore pendant des mois pour faire valoir ses droits une fois reçu le statut de réfugié, etc.
Demandeurs d’asile, accompagnateurs, accueillants, nous vivons ensemble des moments de solidarité. J’ai été très touché par une famille avec trois enfants qui ont accepté de changer leurs habitudes pour accueillir un réfugié iranien. Mais aussi par un autre réfugié iranien qui s’est mis au service de ceux qui n’ont pas eu sa chance et qui dorment à la rue, etc.
Ce sont aussi des moments de joie et des leçons de courage, tel ce repas partagé avec une vieille dame seule dans son bel appartement et un Afghan expliquant dans un français parfait comment il a réussi à commencer une nouvelle vie après plusieurs années d’errances et d’efforts.
Des moments de peine parfois, lorsque je n’ai pas su aider un jeune Guinéen que l’angoisse de l’attente a conduit à l’hôpital. Je me trouvais alors face à la question de Dieu à Caïn, que le pape François a choisie en juillet dernier à Lampedusa pour nous interpeller face aux naufrages de migrants en Méditerranée : « Où es ton frère ? »
Ici réside peut-être la plus grande richesse que je trouve dans ces rencontres avec des migrants et des réfugiés : en sortant de soi-même pour aller vers l’autre étranger, nous découvrons que nous sommes tous frères. J’aurais envie de dire, pour paraphraser la prière du Poverello, que c’est en accueillant l’autre pour sa simple humanité, qu’on est à son tour accueilli comme homme.
À l’occasion de la journée mondiale du migrant et du réfugié, cette fraternité peut nous aider, comme nous y invite le pape François, à résister à la « globalisation de l’indifférence » face aux tragédies vécues par de nombreux d’entre eux.
Gaspard
source: http://blog.jeunes-cathos.fr/2014/01/jetais-un-etranger-et-vous-mavez-accueilli-mt-25-31-46/