« Je suis médecin réfugié d’Afghanistan. Après 6 mois de voyage à pied et en voiture je suis arrivé en France en 2018. Je voulais exercer en tant que médecin en France car j’avais 19 ans d’expérience et une spécialité en cardiologie mais je n’ai toujours pas réussi à le faire et je vis avec le RSA. Au long trajet d’exil s’ajoutent les difficultés pour trouver des cours de français, le temps de la procédure d’asile où l’on reste inactif, le manque d’information sur la procédure pour pouvoir exercer en France et sa complexité, la nécessité de trouver un travail alimentaire, etc… Plus le temps passe, plus je suis déconnecté de mon domaine de spécialité et plus cela devient compliqué d’arriver à exercer ma profession« . Niaz Faizi, cardiologue réfugié d’Afghanistan.
« Le plaidoyer « Health-track », initié par JRS France avec le soutien de l’APSR (Association d’accueil aux médecins et personnel de santé), l’UEE (Union des Étudiants Exilés) et UniR (Université & Réfugié.e.s), s’inscrit dans la continuité d’une revendication plus large : celle d’un accueil des demandeurs d’asile respectueux de la convention de Genève de 1951 et des Directives européennes. Les demandeurs d’asile devraient avoir accès, entre autres, à des formations (dont des formation linguistiques) et au droit de travailler comme c’est le cas dans la majorité des pays européens, pour tous les Ukrainiens et comme c’était le cas en France avant 1991. Rester inactif et sans rien apprendre pendant de longs mois est délétère et nuisible pour les individus comme pour la société d’accueil et d’origine.
Dès 2016, bien avant la crise du COVID, la Commission des Nations Unies sur l’emploi en santé et la croissance économique (ComHEEG) avertissait sur la nécessité d’investir dans les personnels de santé pour se défendre contre les crises sanitaires internationales. Elle encourageait à la création de nouveaux emplois dans la santé et soulignait la nécessité de faciliter la mobilité du personnel de santé et de renforcer le dialogue international.
Malgré ces recommandations et la grande pénurie en personnel de santé, rien n’est fait dans le domaine de l’accueil et l’accompagnement des personnes réfugiées ayant des parcours dans le secteur de la santé pour qu’elles acquièrent le plus rapidement possible un niveau de connaissances théorique et pratique équivalent à celui du cursus français et puissent travailler.
C’est donc à la fois au nom des valeurs et des droits que défendent nos associations ainsi qu’au nom du réalisme et du pragmatisme que nous appelons à mettre en place un programme « Health-track » grâce à une politique coordonnée entre tous les acteurs (ministères, délégation interministérielle, universités, différents ordres dans les métiers de santé, établissements de soin, Campus France, France éducation international, etc.). Ce programme devrait permettre aux réfugiés ayant suivi des parcours dans les métiers de la santé dans leur pays d’origine, de poursuivre leurs études pour obtenir un diplôme français et/ou d’exercer le plus rapidement possible leur métier.
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