Autour du WE de la Toussaint, Marseille a accueilli le grand rassemblement de la « famille ignatienne ». JRS France a activement participé à cette rencontre (animation directe d’une veillée interreligieuse, participation indirecte à deux autres veillées, stand d’accueil , témoignage de membres de l’antenne des Bouches du Rhône sur Welcome, table ronde avec JRS Belgium et JRS Luxembourg… ).
L’occasion de partager quelques réflexions sur le « J » de JRS !
Marseille 2021 : le « J » (de JRS) nous fait du bien !
Un journaliste demande à un jésuite :
« est-ce vrai quand on vous pose une question que vous répondez toujours par une question ? »
« qui vous a dit ça ? »
Cette blague gentillette m’est revenue en mémoire voici quelques semaines, à l’occasion d’un entretien, avec une personne désireuse de rejoindre JRS France, à qui je demandais ce que lui inspirait la 1ère lettre de notre nom, le « J » de JRS.
Comme le jésuite au journaliste, elle me répondit, du tac au tac : « justement, qu’est ce que cela impliquerait pour moi, concrètement le J de JRS ? dans mon travail, dans mon engagement… vous en diriez quoi ? »
Hasard du calendrier, 10 jours plus tard se tenait à Marseille, autour du WE de la Toussaint, le grand rassemblement de la famille « ignatienne » (du nom du fondateur de la Compagnie de Jésus, St Ignace de Loyola).
Sur le thème « au large avec Ignace – tous saints », ce temps se voulait une invitation à aller au large, à la découverte des signes de fraternité dans notre monde bouleversé ; un temps pour célébrer et découvrir les différents visages de la famille ignatienne.
7.000 personnes ont répondu à cette invitation. De quoi aider à formuler quelques réponses à la question posée. Voici quelques pistes : une certaine manière de regarder le monde, l’importance du discernement dans les actions, la place de la relecture, le choix de privilégier un dialogue ouvert et respectueux, la prise en compte de la dimension spirituelle que porte chaque personne, un mélange d’audace et d’humilité. Différents temps du WE à Marseille ont permis de vivre ces « marqueurs » qui, parmi d’autres, contribuent à définir quelque chose du J de JRS.
– Les organisateurs du rassemblement de Marseille avaient ainsi proposé le samedi après-midi plus de 800 parcours de « déambulations » à travers la ville, par petits groupes de 6-7 personnes, à la découverte des différents quartiers et réalités de Marseille. Avec, sur chaque parcours, le témoignage d’un acteur local tourné vers l’avenir. La formule illustre bien une certaine manière de regarder le monde, à la fois contemplative (savoir regarder ce qui est beau et bon autour de soi), réaliste (ancrée dans la vie, sans nier les difficultés, violences etc.), et confiante (en privilégiant un regard bienveillant plutôt que désabusé, ouvert aux nouveautés plutôt qu’au renfermement…).
N’hésitez-pas à visionner les extraits du témoignage donné à cette occasion, par Bernard, coordinateur de l’antenne JRS Bouches-du-Rhône, pour présenter JRS Welcome et sa ville de Marseille. C’est ici (7’40min)!
Le magnifique spectacle vivant présenté le dimanche soir à Marseille (ici) retraçait une tranche de la vie d’Ignace de Loyola, fondateur des jésuites. Illustration du rôle du questionnement et du discernement dans la vie et les actions d’Ignace : essayer d’y voir clair, ne pas se contenter d’être généreux mais prendre le temps de réfléchir à la visée des actions et aux moyens d’y parvenir, faire des choix, pour être justes et pertinents, bâtir pour le temps long….
En 1980, c’est la même démarche qui a présidé à la création du JRS : « et nous, que faisons-nous ? » s’était interrogé Pedro Arrupe, face à la crise des Boat People, qui décida dans la foulée de de lancer le service jésuite des réfugiés.
– A Marseille, signe de l’importance de la « relecture », un temps d’une demi-heure a été réservé le lundi matin pour permettre à chacun de revenir individuellement et par petit groupe sur ce qui a été vécu lors du week-end. A JRS France aussi, c’est un souci permanent que nous avons de revisiter régulièrement ce qui s’est passé : dérouler les lieux, les rencontres, s’efforcer de faire le lien entre les différents événements pour y distinguer les mouvements d’ensemble et non pas une suite décousue d’actions. Saisir l’épaisseur du quotidien. Identifier ce qui porte du fruit et ce qui est plus délicat. Regarder ce qui a été bon et ce qui l’a moins été, quels ont été les obstacles. Et à la lumière de cela, regarder et envisager le futur.
– La Foi chrétienne est au cœur de la vie et à la source des engagements des jésuites, comme de bien des participants au rassemblement de Marseille. En vivre et, à sa manière, en témoigner, sans prosélytisme, dans un dialogue curieux, ouvert et respectueux qui permet un enrichissement mutuel et où chacun trouve sa place, là où il en est, est aussi un marqueur essentiel de la spiritualité ignatienne.
Lors des tables rondes organisées à Marseille par les JRS de France, du Luxembourg et de Belgique sur les thèmes « Accompagner », « Servir » et « Défendre », certains ont pu partager « qu’accompagner c’est aussi et peut-être d’abord écouter et accueillir des questionnements sur le sens de la vie, la mort, la souffrance, la transcendance… ». JRS France a ce souci de prendre en compte la dimension spirituelle que porte chaque personne, d’être disponible pour écouter et entrer en dialogue respectueux aussi sur cette question, avec celles et ceux qui en expriment le souhait (accueillis comme accueillants ou accompagnateurs).
La veillée inter-religieuse animée par JRS France à Marseille à partir du thème proposé par le Pape François pour la Journée Mondiale du Migrant et du réfugié « vers un Nous toujours plus grand », est un autre exemple de cette manière de faire : rendre hommage aux personnes migrantes décédées cette année, pour ceux qui le désirent, prier ensemble, en favorisant des expressions singulières issues de différentes religions, dans différentes langues, sans nier nos différences mais en les assumant librement. Voici les textes de la veillée interreligieuse pour nos défunts.
– Il en fallait de l’audace pour réunir en temps de pandémie plusieurs milliers de personnes à Marseille pour « avancer au large » ! un grain de folie d’en avoir eu l’idée, d’y croire, de travailler à sa mise en œuvre et de répondre à l’invitation. De l’audace, et aussi du travail, de la créativité et une bonne dose d’humilité.
C’est un peu pareil à JRS France : « avec JRS Welcome on ne va pas changer le monde » disait un acteur de l’antenne marseillaise, « mais on cherche à vivre une expérience qui va changer des regards, et permettre de faire un petit bout de chemin ».
Quelques pistes qui en appellent bien d’autres, et une réflexion supplémentaire : à voir l’énergie et la joie des participants de JRS France (salariés, membres du CA, bénévoles…) au sortir du rassemblement, on peut se dire qu’assurément, à Marseille, le « J » nous a fait du bien ! et en plus – d’après Ignace, du moins l’acteur qui jouait son rôle dans le spectacle, il paraît que « c’est adapté à tous les temps » !