le 4 mai 2021, JRS Jeunes a organisé un Iftar en ligne. Pour rompre le jeûn du ramadan, les participants se sont retrouvé à 21h pour présenter leur plat et manger ensemble. Le journal La Croix en a fait un article !
Covid-19 : « Certains exilés ont l’impression de participer à une épreuve collective »
· Pour la deuxième année, le programme JRS jeunes du Service jésuite des réfugiés (JRS) a organisé, mardi 4 mai au soir, un iftar (rupture du jeûne de Ramadan) en ligne. Le père Antoine Paumard, directeur de JRS, et Pauline Blain, animatrice de JRS jeunes, expliquent à « La Croix »comment ils tentent de rester présents auprès de ces exilés en dépit de la pandémie.
La Croix :D’où est venue cette idée d’un iftar en ligne, pour les habitués de JRS jeunes à travers la France ?
Pauline Blain : Nous en avons fait un l’an dernier, lors du premier confinement, et cela avait été une réussite. Chaque participant avait cuisiné une spécialité de son pays et l’avait présentée aux autres, par écrans interposés. Certains avaient passé l’après-midi à cuisiner ! Nous avions fini la soirée comme n’importe quelle fête de JRS jeunes : en musique, avec certains qui dansaient derrière leur écran… C’était marquant : ainsi, la distance ne nous empêchait pas de vivre un vrai moment de convivialité.
Le rendez-vous de cette année présentait une nouveauté : les jeunes de huit villes de France (Paris, Lyon, Marseille, Chambéry, Limoges, etc.) étaient invités à préparer de petits jeux ou défis pour le reste du groupe. Nos événements sont toujours un pari, mais c’est d’autant plus le cas quand ils ont lieu en ligne !
La pandémie nous contraint tous à une forme d’isolement, mais celui-ci n’est-il pas encore plus violent pour des mineurs déjà « isolés », comme le sont les réfugiés et demandeurs d’asile que vous accueillez à JRS ?
Antoine Paumard : Personnellement, je veux éviter d’avoir un regard trop misérabiliste. Certains de ces exilés ont plutôt l’impression de participer, avec cette pandémie, à une épreuve commune à tous : cela tendrait davantage à les inclure dans la société qu’à les en exclure. Je crois aussi que beaucoup d’entre eux sont mieux armés que nous pour résister à l’abattement que peut susciter cette période. La pandémie entre dans un cycle d’épreuves auxquelles ils ont déjà appris, du fait de leur parcours d’exil, à faire face.
Ce qui reste difficile, en revanche, ce sont les démarches administratives – d’autant plus que les délais se sont allongés ces derniers mois et que les dossiers en retard s’accumulent. Mais est-ce une conséquence directe de la pandémie ? Je ne saurais le dire.
Pauline Blain : Le fait d’être enfermé – pendant les différents confinements – a tout de même pu réactiver chez certains un certain traumatisme, lié à leur expérience vécue dans leur pays d’origine ou dans leur parcours. Quelques personnes – pas si nombreuses – m’ont du reste contactée pour que je les mette en lien avec un psychologue. Avant la pandémie, cela n’avait jamais été le cas de manière aussi explicite.
Comment avez-vous adapté les différentes activités de JRS au contexte sanitaire ?
Pauline Blain : Pendant le premier confinement, nous avons mis en place un programme de JRS jeunes entièrement en ligne, avec des rendez-vous réguliers comme des cours de langue, de la musculation, du dessin, des ateliers de conversation ou d’écriture. Les activités en présentiel ont repris au début de l’été, puis nous les avons à nouveau suspendues avec le deuxième confinement cet automne.
Depuis décembre, nous organisons quelques événements en présentiel, pour lesquels il est nécessaire de s’inscrire – ce qui n’est pas le cas d’habitude. Notamment des balades urbaines dans les rues de Paris, du Père Lachaise au Trocadéro… Nous restons très en lien grâce à nos groupes Whatsapp. Zoom reste un outil moins facile d’accès pour ceux qui n’ont pas d’ordinateur ou de bonne connexion Internet.
En France, la difficile intégration par l’emploi des exilés
Antoine Paumard : En ce qui concerne le programme Welcome (qui héberge des exilés dans des familles d’accueil, NDLR.), environ 400 personnes ont pu être accueillies en 2020. C’est moins que de d’habitude, mais cela reste honorable. Pour l’école de français, nous avons maintenu les cours en ligne. Et pour l’accompagnement juridique et social, nous avons généralisé les rendez-vous en tête-à-tête – et non plus en groupe.
Le distanciel permet d’entretenir le lien avec les personnes que l’on connaît déjà, mais cela ne favorise pas les nouvelles rencontres. D’une manière générale, je dirais que cela demande un surcroît d’énergie pour un résultat moindre – ou du moins, plus difficile à percevoir.
Propos recueillis par Mélinée Le Priol